Les objets connectés : un immense gâchis énergétique

Le temps où les téléphones résistaient une semaine sans avoir besoin d’être rechargés est révolu depuis longtemps. Les smartphones, de plus en plus puissants, consomment aussi plus d’énergie… et nécessitent d’être rechargés au mieux une fois par jour, souvent plus. Les objets connectés ne sont pas en reste avec une autonomie souvent très faible. On pourrait penser que l’énergie ainsi consommée est marginale, mais un rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie montre au contraire des chiffres alarmants.

D’abord assez confidentielles, les objets connectés sont de plus en plus présents : radiateurs, réfrigérateurs, montres, lampes, accessoires de sports… le secteur est en plein essor et des études estiment que leur nombre pourrait atteindre 50 et 80 milliards d’ici 2025. Nous ne sommes qu’au début d’un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Quel est le problème ?

D’une part, il y a les objets conçus pour leur mobilité, et qui fonctionnent grâce une batterie. Ils partagent pour la grande majorité un point commun, leur faible autonomie. Tout comme les smartphones, il est donc nécessaire de les recharger régulièrement, avec pour effet une augmentation de la consommation d’énergie du foyer.

D’autre part, il y a ceux qui sont constamment alimentés tels que les télévisions ou les machines à laver. Les serveurs et modems restent également allumés et transfèrent des données 24h/24. Tout cet écosystème aspire en silence énormément d’énergie.

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A combien peut-on estimer la consommation énergétique des objets connectés ?

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, ce chiffre serait très important. Les objets connectés fonctionnent en continu dans le but de produire des données et de les transmettre en temps réel. En effet, cette communication leur demande de répondre en permanence même lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Par conséquent, en veille ou en activité, ces appareils consomment autant d’énergie. On estime que 80 % de la consommation d’énergie des objets connectés proviendrait de leurs échanges avec le réseau. A cela s’ajoute le fait que la grande majorité d’entre eux sont incapables de réguler leur dépense énergétique selon le volume de données échangées. En somme, énormément d’énergie est perdue par manque d’optimisation.

Le rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie annonce qu’en 2013, les appareils électroniques connectés ont consommé 616 térawattheures (Twh). Pour donner un ordre d’idée, c’est supérieur à la consommation électrique du Canada et de la Finlande réunis.

Parmi ces 616 Twh consommés par les objets connectés, les deux tiers ont été gaspillés lorsque ceux-ci fonctionnaient en mode veille. L’AIE prend pour exemple une smart TV utilisant 30 W de courant en fonctionnement normal et 25 W en veille. Compte tenu de la croissance du secteur, et de l’augmentation du nombre d’objets sur le marché, cette étude de 2013 pointe du doigt un sujet préoccupant. Au-delà de l’impact économique, qui n’est pas négligeable, cette situation a des effets néfastes pour l’environnement. Le manque d’optimisation dans la consommation des objets connectés joue un rôle direct dans la pollution dans notre planète. En fonction du mix énergétique de chaque pays, ce rôle peut être direct via l’émission de gaz à effets de serre (usines à charbon par exemple) ou indirecte via la gestion des déchets de déchets (centrales nucléaires par exemple).

Que faire pour diminuer cette consommation d’énergie ?

Que ce soit d’un point du vue économique ou environnemental, il est absurde de laisser perdurer cette situation. Le secteur de l’IoT (Internet of Things) se doit d’améliorer ses performances énergétiques. Certains appareils nécessitent effectivement de transférer des données en temps réel mais d’autres comme des stations météorologiques peuvent se permettre de récupérer des informations toutes les 10 ou 15 minutes seulement. La qualité du service n’en serait pas impactée par autant. Pour autant, la consommation d’énergie, elle, réduirait et l’autonomie des appareils en serait améliorée.

Les appareils fonctionnent avec un grand nombre de capteurs. Sont-ils tous indispensables ? Au niveau de la connectivité, n’est-il pas possible de faire varier la consommation d’énergie en fonction de la période et de l’utilisation ? Quand existera-t-il un mode veille réduisant significativement la consommation d’énergie ?

Enfin, d’un point de vu citoyen, n’est-il pas nécessaire de questionner la nécessité de certains objets connectés au regard de leur impact énergétique ? Il n’est pas question ici de remettre en cause les avancées que peuvent procurer des innovations dans le domaine de la santé par exemple, mais n’est-il pas souhaitable de questionner l’intérêt de la connectique lorsqu’elle s’applique à des objets tels que les vêtements ou les brosses à dents par exemple ?